Autopsie du Mammouth, de Claire Mazeron
Je ne lis jamais de livre sur l'éducation, sur le métier d'enseignant, sur l'école. Ceux qui me connaissent pourraient s'en étonner, mais j'ai toujours préféré la fiction aux essais pompeux et souvent laborieux, sur un univers souvent imparfaitement décrit, ou de manière gauchie, laissant plutôt transparaître les convictions politiques de celui qui s'exprime qu'un regard intelligent et ouvert sur la question. Il faut croire néanmoins que je me suis laissée prendre aux sirènes promotionnelles puisque ma curiosité a été aiguisée pour cet ouvrage, et je dois confesser que je l'ai lu d'un seul trait.
Je n'aime pas la couverture, ni le titre ni le sous-titre, qui jouent à mon avis en défaveur de l'ouvrage, dans la mesure où ils évoquent une satire bien peu élégante d'un univers déjà souvent caricaturé grossièrement. Mais il faut passer outre et se laisser prendre à cette écriture narrative assez souple, agréable, qui conte comme dans un vieux rêve les années d'évolution de l'enseignement à l'école depuis la fin des seventies. Comme dans un rêve ancien, oui, et les pages ont parfois un léger goût suranné, mais qui me convient bien tant je m'y suis reconnue... nous avons fréquenté les mêmes bancs, et c'est sans doute cette proximité générationnelle qui m'a dès l'origine disposée favorablement envers l'auteur. La description de la progressive dégradation des conditions de transmission du savoir m'a semblé juste, justement formulée, et j'ai comme trouvé un écho directement rédigé de pensées que j'avais jusque-là confusément à l'esprit. J'ai moins aimé l'esprit satirique, non que je n'apprécie pas l'humour, mais c'est sa réitération et la caricature qui m'ont un peu lassée, et il serait dommage que cela vienne ôter une certaine crédibilité à l'ouvrage. Car malgré son aspect nostalgique - je crains que ce qui n'ait été fait ne puisse radicalement être ainsi défait - ce texte demeure nécessaire, et devrait (c'est un souhait et non une certitude! ) trouver d'autres lecteurs que ceux du monde du professorat ; cependant s'il pouvait déjà en toucher une majorité, il aurait certainement accompli une étape nécessaire.
C'est ainsi qu'après avoir hésité - ce blog n'est ni politisé, ni engagé - j'ai décidé d'ouvrir une petite fenêtre à cet opus, dans l'espoir que peut-être d'autres lecteurs, professeurs peut-être mais aussi en-dehors de la sphère de l'enseignement, prennent le temps de lui accorder un peu d'attention et de se faire surtout leur propre opinion.