Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle
J'avais acheté ce gros volume sur un coup de tête, à cause de sa couverture douceâtre et du titre qui me semblait étrangement mélancolique ; j'ignorais qu'il s'agissait d'un vrai succès de librairie, et de fait la littérature jeunesse n'occupant qu'une place réduite dans mes lectures quotidiennes, j'ai attendu plus d'un an - ou bien davantage, avant de me lancer dans sa lecture. Commencé quelques jours, abandonné pour d'autres horizons, le récit ne m'avait pas déplu mais il lui a fallu attendre le moment adéquat pour que je puisse enfin lui consacrer l'attention qu'il mérite.
La plongée dans un univers millimétrique, dans lequel tout est à une échelle sensiblement plus réduite, n'est pas sans rappeler les lointains souvenirs lilliputiens de lectures antérieures, mais le début haletant, la construction concentrique et la création d'un réel univers permettent sans nul doute un vrai plaisir de lecture. Les personnages ont une épaisseur sensible et leur histoire se tisse sous nos yeux avec cohérence et finesse ; une certaine sensibilité, sans aucune mièvrerie ni bleuette, peint avec assez de justesse le fragile monde de l'enfance à travers ce fragile monde miniature dont il sonne comme l'allégorie. Les problèmes sont bien ceux d'un monde qui n'a rien d'imaginaire, mais le filtre de la fiction et de cet univers fantasmagorique sans surenchère et tout en végétation les met à la portée de jeunes lecteurs, sans que le lecteur adulte pour autant s'y ennuie. Même si l'on devine la trajectoire globale du récit, celui-ci est assez bien tissé pour que les rebondissements soient multiples et suscitent l'intérêt permanent du lecteur, avec humour souvent, et une certaine délicatesse dans la construction de l'évolution des personnages et de leurs relations. La famille, la question de l'identité en particulier, l'acquisition de l'autonomie, le rapport à autrui, au groupe, sont des questions sans cesse mises en évidence, et me paraissent pouvoir séduire et conquérir les lecteurs adolescents.
Une jolie découverte, une fable qui sans tomber dans le travers écologique pose le problème du rapport au monde dans ce qu'il a d'essentiel.
Leiloona l'a lu aussi.