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Biais   d'humeurs    ...
30 octobre 2009

La jeune fille à la perle (le film)

la_jeune_fille___la_perle_le_filmDu roman j'avais gardé une impression de bonheur, de cette plongée délicate dans l'univers du grand peintre, par la petite porte certes, mais avec un grand regard, et l'émotion douce de la contemplation défendue des grands chefs-d'oeuvre. Comment ne pas abîmer, altérer cela, en transposant cet univers dont la cohérence paraissait à la fois subtile, et fragile, au cinéma ? 

De la contemplation de l'affiche je tire cette simple réflexion : oui elle lui ressemble, mais cela suffira-t-il ?.. L'original est si beau, si intense, si mystérieux, qu'il semble que vouloir l'expliquer ou le narrer risque de briser la tranquille énigme posée par ce regard. Mais de tranquillité, de respect et de pudeur, il n'est question que de cela dans ce film, qui respecte à peu près l'histoire imaginée par Tracy Chevalier, mais sait aussi lui être infidèle pour laisser à l'image ou à l'ellipse, la coupure, le soin de déclencher l'imaginaire du spectateur. 

J'aime dans ce film en particulier son silence, qualité rare de nos jours dans le monde d'un cinéma qui préfère souvent tout expliquer de peur que l'image ne se suffise pas. J'aime sa lenteur - jamais source d'ennui, et surtout cette impression qu'elle donne au spectateur qu'il peut comprendre de lui-même ce qui réside dans les non-dits. Le réalisateur prend le parti de donner davantage de poids à ce que Vermeer peut sans doute éprouver envers sa servante, ce que jamais le roman ne laissait explicitement croire mais se contentait de suggérer. Ce n'est pas impossible, et ce n'est pas gênant, tant le film se centre davantage sur ce couple improbable que sur la création d'une atmosphère familiale, davantage privilégiée par le roman.

L'ensemble est sobre, mais esthétique; chaque scène semble trempée dans une palette veloutée, et les décors m'ont semblé bien moins artificiels que dans le Rembrandt de Charles Matton (1999) dont les arrière-plans en carton-pâte m'ont décidément trop gâté le plaisir du film.

rembrandtCe Rembrandt d'ailleurs, s'il brille par la présence et la ressemblance de son principal acteur (Klaus Maria Brandauer) avec l'original (davantage que la Griet de La jeune fille à la perle), est beaucoup plus ennuyeux, beaucoup plus linéaire, narratif, et beaucoup moins suggestif. La qualité de l'image est la même, mais l'intérêt n'y est que pour celui qui cherche une biographie sans surprise, une mise en images d'une vie et non une narration ou une re-création.

La jeune fille à la perle n'est pas qu'une simple mise en images, mais raconte avec l'image, par l'image, et c'est ce qui fait à mon goût sa réussite. Sans se substituer au roman avec lequel il ne prétend d'ailleurs pas rivaliser, je dirais qu'il le complète, ou le transforme - peut-être l'achève.

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Commentaires
S
C'est l'un de mes films cultes pour son atmosphère si particulière!
N
En ce qui concerne "La jeune fille à la perle" j'ai lu le livre après avoir vu le film au cinéma. Le film est très beau avec une lenteur contemplative qui m'a beaucoup séduite. Quant au livre, je n'en est fait qu'une bouchée :)
M
Merci... c'est très gentil :-)
S
Chic, chic ! Tu es de retour !!
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