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Biais   d'humeurs    ...
3 août 2009

La mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé

Aux petites heures du matin, tout le palais du roi Tsongor est en ébullition : aujourd'hui est le jour des noces de Samilia, la fille du roi... Tout est prévu, méticuleusement organisé. Rien, cependant, ne se passera comme prévu, car ce jour est aussi celui de la réalisation d'une ancienne promesse, celle de la mort du roi Tsongor... jour de fête, ou jour de deuil ?

tsongorAinsi débute pour nous un récit étrange, dans son fond et dans sa langue, envoûtante comme venue du fond des âges, et pourtant résolument moderne. L'atmosphère s'installe en quelques lignes : dans cette attente, du jour qui va débuter comme le dernier d'une histoire jamais narrée, comme le premier d'une histoire en permanent devenir ; à travers le personnage singulier qu'est Katabolonga dont on ne sait s'il est le serviteur fidèle et loyal ou bien le parjure félon annoncé ; dans ce rythme singulier, antique et merveilleux d'une époque qui n'a plus d'âge, et de la voix qui la raconte.

Tout se déroule ensuite comme dans un immense, long rêve, ou cauchemar, qui ne semble jamais devoir en finir : rien ne se déroule comme prévu, et rien n'échappe non plus à sa destinée, scellée déjà depuis longtemps dans ce terreau fécond des mythes, légendes et contes dans lequel l'auteur puise tout en les renouvelant, en leur redonnant une saveur nouvelle, inédite : celle de l'espoir, de l'amertume aussi, dans un récit qui se déroule et s'achève comme dans un long sanglot.

Récits de batailles, de quêtes, d'amour et de trahison : on pourrait croire qu'ici rien n'est inventé et que tout n'est que la redite ultime des sempiternelles mêmes histoires. Il n'en est rien cependant, tant le déploiement du récit sans cesse  nous surprend, tout en créant cette singulière impression de l'avoir au fond déjà deviné; mais ce n'est pas une déception que cette réconnaissance, complicité intime créée avec le lecteur dans ce fond commun des mémoires et des récits familiaux, humains en somme.

Emportée par l'histoire, profondément séduite par le langage et la diction narrative, émue par cette sensation de renouer avec les lectures imaginaires de mon enfance tout en jouissant des multiples références littéraires sous-jacentes, j'ai éprouvé à la lecture de ce récit un plaisir intense, comme cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Sans doute cette oeuvre prendra-t-elle rapidement place parmi la liste réduite de celles que je ne peux me passer de relire, tant une seule et unique lecture ne saurait rendre justice à ce moment hors du temps que seuls les récits forts parviennent à me donner.

La mort du roi Tsongor a notamment reçu le prix Goncourt des Lycéens en 2002.
L'auteur, Laurent Gaudé gaud_

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Commentaires
S
J'ai lu "La porte des enfers" aussi et j'ai adoré. "Le soleil des Scorta" est sur ma PAL
D
Bonjour, <br /> Laurent Gaudé m'a enchanté avec "le soleil des scorta " un roman dont je garde un si bon souvenir que récemment je l'ai acheté en livre audio
B
Honte à moi, je n'ai jamais lu de Gaudé. Bon je vois ce qui me reste à faire, d'autant plus que ton article me donnes envie.!!
M
Leiloona, je ne connaissais pas ton billet, je suis heureuse de voir que nous nous rejoignons !<br /> <br /> Gio : n'hésite pas un instant... je résiste déjà à la tentation de le relire...<br /> <br /> Stephie et belledenuit, si vous connaissez bien cet auteur, ses autres romans valent-ils le coup ?
G
Youahou, bel article qui donne bien envie de découvrir cet auteur dont m'avait déjà parlé Stéphie...
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