Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Biais   d'humeurs    ...
8 décembre 2008

Cliente, de Josiane Balasko

Avant de prendre mon ticket j’ai beaucoup hésité avec Entre les murs, le film qui vient d’être primé à Cannes, et qui ne parle que de profs et d’élèves, (en cours de français qui plus est). Mais tout ce que j’ai lu sur Bégaudeau ces derniers temps me retient définitivement de prendre mon billet pour aller voir cette œuvre, dont je ne nie pas la qualité par avance, mais je n’ai pas envie de devoir me faire mon opinion.

Quelque chose m’attire profondément dans le film de Balasko, le titre et les quelques bribes du film que j’ai pu entr’apercevoir auparavant ont attisé en moi le goût, le désir même, pour ce genre de film qui va traiter du désir et du plaisir d’une femme. Cette femme, je la connais déjà, puisque c’est Nathalie Baye qui tient le rôle-titre, et depuis Vénus Beauté elle n’incarne plus pour moi que ces femmes seules, vieillissantes mais toujours belles, élégantes, sèches, froissables comme du papier sous leur imperméable vert clair (ou est-ce jaune paille….). Vieillissantes, mais toujours là, immuables comme figées par le temps sous l’écran de la toile… je me suis faite au personnage, à tel point que je n’imagine plus jamais Nathalie Baye autrement que comme cette femme-là.

Il y a des clichés dans ce film, des attendus et des effets de non-surprise qui me ravissent. Nathalie Baye est comme je l’aime, belle et sèche, glaciale et ne laissant pas le désir franchir le son de ses lèvres minces. Sans surprise, le scénario la conduit du désir à la solitude, j’aime l’image de cette femme qui pleure sur son lit après s’être déparée, froissée et jetée aussitôt la joie qu’elle se faisait de sa soirée misérablement réduite à néant. J’aime bien moins l’image des deux sœurs, finale, réunies, bien trop lumineuse dans un film qui aurait dû cultiver cet arrière-goût amer de la déception alors même qu’on la savait prévisible. Balasko est fausse comme son sourire, cet amour qu’elle essaie de faire passer du regard à son indien sans contours, contrepoint certes, mais sans saveur, quel dommage ! mais elle est sympathique comme la réjouissance même du bonheur de petite fille, elle incarne ce rêve exaucé, mais s’il faut s’exiler aux Etats-Unis pour le trouver, finalement cette idée de bonheur demeure bien amère, c’est ce qu’il faudrait.

L’escort boy me surprend (je n’ai pas retenu le nom de l’acteur, je n’en ai pas envie). Qu’a-t-il de séduisant, cet homme-là ? rien. Il a un gros nez. Ses cheveux me semblent parfois douteux. Il est enrobé de doux contours… voilà la séduction qui opère à plein sur moi, tandis que je me trouve (seule) plongée dans l’obscurité de la salle. Sa femme (Isabelle Carré) est tout ce que je déteste. Blonde, mince, jolie… oui, elle lui correspond bien, mais je crois que je vais l’oublier pour ne garder que l’image de son mari, qui n’a jamais été si loin de l’image que l’on se fait du mari (parfait pour moi, donc !) et qui m’a révélé l’image que je me fais de l’amant. L’homme ordinaire (l’est-il tant que cela) dont je n’observe que le côté puissamment sensuel, sexuel, dont nous est offerte la possibilité de le saisir tout entier à pleines mains et que tout mon regard ne suffit pas à embrasser d’un seul coup.

Je ne retiens rien du scénario, ni du lieu, ni des personnages secondaires qui ne font que passer et me gênent. Juste cette étrange beauté, d’Elle et de lui, si loin de la beauté idéale, si proche de la beauté ordinaire que me dévoilent mes pensées.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité